1970-1980


14 - Isabelle Arrivé (née Chon)

Je suis née en 1957. Je vis aux Sables d’Olonne où je suis retraitée (après avoir été secrétaire à la Perverie pendant 31 ans). Je suis mariée et nous avons eu deux enfants : Pauline (37 ans) et Eugénie (34 ans). Toutes deux ont été élèves à la Perverie de la Petite Section à la Terminale. Grâce à elles nous avons 4 petits enfants : Cassandre (9 ans), Maxence (6 ans), Rose (2 ans) et Margot (2 mois).

 

A quelle époque étiez-vous élève à la Perverie ?

J’ai été élève de la 5è à la terminale en qualité d’interne de septembre 1970 à juin 1976

 

Selon vous qu’est ce qui caractérisait cette époque ?

Dans les années 70 : La Perverie était une école exclusivement de filles. Seule l’école primaire Ste Famille acceptait des garçons. Les établissements privés secondaires de la 6è à la terminale étaient appelés collèges, contrairement aux établissements publics qu’on appelait lycées. A cette époque, les religieuses étaient très présentes à la Perverie : il y avait la directrice du secondaire Mère du Penhoat et celle du primaire, Mère Reneaume. D’autres religieuses occupaient divers postes en tant qu’enseignantes, cuisinières, surveillantes, intendante ou responsable de la bibliothèque (CDI)…

L’éducation religieuse avait une place très importante. Il fallait être baptisée pour intégrer un établissement scolaire privé. Nous avions des cours et des célébrations toutes les semaines. L’aumônier habitait sur le site. Il logeait dans la partie « château ». Il nous arrivait fréquemment de discuter avec lui sur le temps de récréation ou après les cours. Il était passionnant et avait toujours des anecdotes à nous raconter.

Jusqu’en 1973, nous portions un uniforme composé d’une jupe bleu marine – un chemisier blanc ou un polo blanc – un pull bleu marine et des chaussettes bleues ou blanches. Nous portions toutes également une blouse bleue sur laquelle étaient brodés notre nom, prénom et la classe. S’il nous arrivait d’enfreindre le règlement de l’uniforme, on nous indiquait de suite la direction de la lingerie où des vieilles jupes des religieuses nous attendaient. En cours d’EPS, nous avions également un uniforme (survêtement ou short suivant les saisons)

Le bâtiment actuel du lycée n’existait pas. Je me souviens que ma classe de terminale se trouvait à l’endroit de l’auditorium actuel et nous avions accès à la terrasse pour aller fumer. Les temps ont bien changé …

Nous appelions la cour de récréation, la cour d’honneur

Le réfectoire se trouvait au niveau des laboratoires.

Concernant les matières enseignées, nous avions pendant toute notre scolarité des cours de couture inclus dans notre emploi du temps. Le professeur de couture nous apprenait à coudre, à se servir d’une machine à coudre puis suivant notre niveau, à confectionner des vêtements (chemises de nuit, jupes, pantalons…). Au baccalauréat, j’avais même choisi la couture en option facultative.

 

En quoi avoir été à la Perverie vous a aidée pour votre vie d’adulte ?

Tout comme mes parents, la Perverie a contribué, tout au long de ma scolarité, à m’inculquer des valeurs humaines qui m’ont aidée dans ma vie d’adulte à savoir le sens du travail bien fait, l’envie de se donner du mal pour réussir, l’entraide, le partage, la solidarité, le respect, la vie en communauté, etc…

J’ai également eu une chance inouïe pour l’époque de faire un échange d’un trimestre avec une élève du Sacré-Cœur de Woldingham, établissement du réseau du Sacré-Coeur situé dans le sud-est de l’Angleterre près de Londres. Je crois même avoir été une des pionnières à vivre cette expérience. Ce séjour d’un trimestre a été extraordinaire sur beaucoup de points et m’a également aidée à me construire. Il fut très enrichissant sur le plan linguistique, culturel et humain.  J’ai gardé très longtemps des contacts avec ma correspondante. Elle m’invitait tous les étés à séjourner dans sa famille aux USA à Princeton dans le New jersey. De mon côté, mes parents ont reçu ses 6 frères et sœurs pendant de nombreuses années qui venaient parfaire leur français. C’est grâce à ce séjour que j’ai amélioré l’anglais. J’ai même obtenu 19/20 au baccalauréat. Merci la Perverie !

 

Avez-vous une anecdote, un moment que vous n’avez pas oublié à partager avec nous ?

Tout au long de ma scolarité, j’ai vécu des bons moments et j’en garde encore de bons souvenirs. J’étais interne (on disait pensionnaire à mon époque). Pour moi c’était presque la colonie de vacances après les études du soir. Nous étions une vingtaine d’élèves du même niveau et on rigolait bien malgré un règlement strict. Une fois par semaine, après le dîner, nous étions dispensées d’étude du soir et la responsable de notre niveau nous conviait à ce qu’elle appelait « la vie de famille ». Nous nous réunissions dans son bureau soit pour discuter soit pour chanter, soit pour faire des jeux de sociétés soit pour jouer des saynètes. Il y avait une très bonne ambiance. Il nous était même arrivé de faire tourner les tables.

Savez-vous aussi que les internes étaient autorisés à travailler en binôme en dehors de la salle d’étude et cet endroit se trouvait sous l’escalier central du collège. On l’appelait le trou noir. On adorait cet endroit

Savez-vous aussi que les internes étaient futées en espiègleries : parfois on allait maquiller la statue de MATER ADMIRABILIS et on l’enrubannait de papier toilette. On allait parfois visiter les greniers où les religieuses entreposaient leurs meubles de famille et quelle rigolade quand on se déguisait avec les costumes de la kermesse.

 

Quels sont selon vous les nouveaux défis que la Perverie doit relever ?

Qu’elle continue à suivre son projet éducatif (l’attention, l’épanouissement et le développement des enfants). 

Qu’elle garde sa notoriété en continuant à se démarquer des autres établissements nantais. 

Qu’elle continue à garder son système éducatif sans élitisme. 

Qu’elle continue les échanges inter sacré-cœur et que chaque élève puisse avoir l’opportunité d’aller au moins une fois à l’étranger durant sa scolarité. 

Concernant l’internat, qu’elle propose plus d’activités extra scolaires au sein de l’établissement et un suivi scolaire quotidien pour les plus jeunes. 

 

Enfin… question, en lien avec votre vécu à la Perverie, auriez vous… aimé que nous vous posions ?

Pourquoi avoir choisi la Perverie ? 

J’ai posé cette question à ma maman âgée de 93 ans. Malgré son grand âge, elle m’a tout de suite répondu que les « dames du Sacré-Cœur » avaient, à l’époque de mes sœurs (années 60), mis un point d’honneur à accepter les élèves de diverses origines sociales contrairement à d’autres établissements nantais. La Perverie avait aussi une très bonne réputation tant sur le plan éducatif que religieux. Les professeurs s’investissaient selon les axes donnés par Madeleine Sophie Barat. Et enfin l’institution de la Perverie attirait les familles grâce au cadre exceptionnel avec son magnifique parc, ses installations sportives (salle omnisports, terrain de tennis extérieur), ses laboratoires…


15 – Dominique Fouasson (Née Nicole)

Je suis née en 1961. J’habite à Nantes. Je suis aujourd’hui professeur de SES (sciences économiques et sociales). Je suis mariée et j’ai deux filles âgées de 26 et 23 ans.

 

A quelle époque étiez-vous élève à la Perverie ? 

J’ai effectué mon lycée à la Perverie de septembre 1976 à juin 1979. 

 

Selon-vous qu’est-ce qui caractérisait cette époque ?

Quelques éléments caractéristiques de cette époque : Les séries du baccalauréat étaient différentes : A, B, C ou D pour l’enseignement général. A pour les littéraires ; D et C pour les scientifiques ; B pour les élèves bons en mathématiques et intéressés par la sociologie, les sciences politiques et l’économie. La Perverie a ouvert une classe en seconde permettant d’avoir des cours de sciences économiques et sociales en 1976 je crois. Chaque élève devait se déterminer dès la seconde pour l’une de quatre possibilités en choisissant des options spécifiques à chaque série. J’ai donc fait partie de la première classe de terminale de l’école à passer un baccalauréat de la série B qui deviendra en 1995 la série ES, qui aujourd’hui n’existe plus. 

Certaines écoles n’étaient pas mixtes, la Perverie était par exemple une école de filles. Cela influençait nos sujets de discussions ou nos pratiques sportives : pas de foot ni de rugby au menu des cours d’EPS. Le mercredi après-midi était proposée une activité facultative mais vivement conseillée : la dactylographie. Deux heures intenses, rythmées par le bruit des machines à écrire et les conseils du professeur. Cela m’a été par la suite utile pour réaliser des stencils qui permettaient de reproduire des documents pour les cours sur une machine type Ronéo. Cette duplication à l’alcool et sur papier carbone imprégnait la salle des profs d’une odeur âcre inoubliable. Il n’y avait bien sûr pas de photocopieuses. 

Le temps des blouses reste un souvenir marquant. Nous n’avions pas d’uniformes mais, une semaine sur deux le port d’une blouse bleue unie était obligatoire. La semaine suivante était colorée, puisque on pouvait choisir la couleur et les motifs. La fantaisie succédait ainsi toutes les semaines à la rigueur. J’étais assez fière de la mienne à carreaux verts et blancs. Trouver cette blouse hors-norme en quelque sorte était un vrai casse-tête…Cette pratique a d’ailleurs disparu en 1977 me semble-t-il.

 

En quoi avoir été à la Perverie vous a aidée pour votre vie d’adulte ?

J’ai obtenu un bac B en juin 1979, cela m’a permis de poursuivre des études de sciences économiques pour acquérir une maîtrise puis le CAPES. 

J’ai commencé à enseigner en 1983 à la Perverie et oui !!! Un poste à temps partiel était disponible et Régine Frappier a proposé et soutenu ma candidature et, me voilà à l’âge de 22 ans sur une estrade, craie en main face à 30 paires d’yeux exigeants et dubitatifs ; pour « faire passer » des connaissances et des méthodes. Je n’imaginais pas alors les heures de travail nécessaires à la conception d’une heure de cours et le côté chronophage de la correction des copies. Heureusement j’avais une aide précieuse, celle de mon ancien professeur d’économie, ce professeur dont les cours passaient si vite et étaient si prenants. Elle m’a en quelque sorte transmis la flamme avec un réel enthousiasme.

J’ai ensuite travaillé dans d’autres établissements, mais en ayant toujours un pied dans mon établissement d’origine. Il semblerait bien que j’exerce dans ces lieux depuis 37 années. 

Donc, à l’évidence la Perverie a joué et continue à jouer un rôle central dans ma vie d’adulte. Chaque rentrée est différente, le besoin et l’envie de transmettre toujours présents, le contact avec les élèves aussi vivifiants et les relations avec mes collègues chaleureuses. Tant de classes et de visages souriants se sont succédé qu’il m’est bien utile de consulter les photos de classe… En tout cas l’ensemble forme une richesse de souvenirs et de liens assez incroyable. 

 

Avez-vous une anecdote, un moment que vous n’avez pas oublié à partager avec nous ?

Un moment du passé à partager : L’odeur de frites le mercredi matin qui se diffusait dans l’ensemble du bâtiment du collège à partir de la troisième heure de cours ou un peu avant. Elle provenait des cuisines situées à l’époque dans les actuels laboratoires et déclenchait une faim vorace, titillait l’imagination sur le plat qui accompagnerait ce met de toute façon délicieux, puisque fait par l’équipe de cuisiniers et cuisinières de l’école. En ce temps-là, la gestion de la cantine était interne et se concentrait au sous-sol. 

La discipline était très présente dans les cours et dans l’ensemble de l’établissement. Les enseignantes étaient respectées et disponibles pour la plupart. Ainsi, j’ai eu la chance avec quelques camarades de classe de terminale de pouvoir entretenir des liens privilégiés avec nos professeurs « préférés » en dehors du cadre scolaire. Je me souviens de dîners ou régnait la bonne humeur et une convivialité amicale et encourageante. Dire, que je suis devenue ensuite leur collègue ! J’ai d’ailleurs une pensée émue pour Annie Caris, Marie-Françoise Pasquier et Régine Frappier qui composaient ce petit cercle particulier. Dominique Baujon quelques années plus tard me permettra de réaliser l’un de mes rêves : monter un spectacle solidaire au théâtre ONYX de Saint-Herblain.

 

Quels sont selon vous les nouveaux défis que la Perverie doit relever ?

Il y a bien sûr les défis imposés par les réformes successives, de plus ou moins grandes envergures, qui nécessitent une mobilisation et une implication très prenantes. Nous sommes dedans et pour un certain temps me semble-t-il. Le défi du temps à libérer, indispensable pour travailler en équipe, partager, innover et souffler. Le défi de la diversité, nos élèves viennent de milieux de plus en plus divers, avec des vécus personnels, familiaux parfois lourds et des niveaux, des difficultés de plus en plus hétérogènes. Le défi de la solidarité, à l’intérieur de l’école entre collégiens et lycéens et aussi dans les classes pour contrer le harcèlement, l’isolement et le repli sur soi. La participation à des actions citoyennes en lien avec l’écologie et le soutien aux associations caritatives. Le défi des incivilités, depuis les attitudes quotidiennes telles que dire bonjour et au revoir, jusqu’aux paroles et gestes violents à éviter, il y a dans ce domaine une vigilance et une lutte à tenir. 

 

Enfin.... Quelle question, en lien avec votre vécu à la Perverie, auriez-vous.... aimé que nous vous posions ? 

Quel est votre lieu préféré dans cet établissement ?


16 - Christine Desmas 

Mon année de naissance ? ça fait plus cher en bougies qu'en gâteau. Le lieu où je vis ? Chez moi. Mon activité professionnelle ? Prof d'arts plastiques toujours là. Ma situation personnelle ? Fait des envieux.  

 

A quelle époque étiez-vous élève à la Perverie ? 

De 1976 à 1980 ; j’y suis entrée en seconde, classe que j’ai doublée, et en suis partie après l’obtention d’un bac A4 (philo).

 

Selon-vous qu’est-ce qui caractérisait cette époque ?

A l’époque, il n’y avait que des filles et très peu de professeurs masculins. On ressentait de la solidarité entre les profs et de la bienveillance à l’égard des élèves même si certaines enseignantes (très peu) nous rendaient les copies par ordre de notes décroissantes. On se sentait accueillies et écoutées dès le rendez-vous d’inscription avec Mère du Penhoat ; l’accent était déjà mis sur l’orientation et le projet de chacune. J’arrivais d’un établissement où ne pas être bonne en maths était considéré comme un handicap. A la Perverie, les littéraires et les linguistes avaient leur chance.  

 

En quoi avoir été à la Perverie vous a aidée pour votre vie d’adulte ?

J’ai appris à travailler et à avoir confiance en moi. J’ai rencontré des profs qui m’ont encouragée. Chaque élève était prise en compte individuellement. Et une aide tout aussi précieuse par la suite lorsque je suis devenue enseignante.

 

Avez-vous une anecdote, un moment que vous n’avez pas oublié à partager avec nous ?

Si les professeurs étaient bienveillants, ce n’était pas nécessairement le cas des élèves entre elles ; je n’ai sans doute pas eu de chance pour ma première année, je suis tombée dans une classe où il y avait de vraies pestes qui harcelaient celles qui n’étaient pas du même milieu social qu’elles.

J’étais demi-pensionnaire et, durant mes deux premières années, il n’y avait pas de self, nous étions par tables de 8, toujours aux mêmes places, le réfectoire se situait un niveau des labos actuels ; à tour de rôle nous étions de corvée de vaisselle, il fallait essuyer les verres et les couverts.

Je me souviens aussi du CDI, que nous appelions bibliothèque. En entrant, il y avait grand panneau de bois avec un guichet derrière lequel trônait une religieuse dont je tairais le nom. Le but du jeu consistait à la surprendre en pleine sieste ; elle attrapait alors en vitesse sa perruque qu’elle mettait parfois à l’envers. 

Et puis il y avait Madame Rabillard qui enseignait les sciences physiques. Un jour, lors d’un oral, alors que je séchais lamentablement, elle diminuait le niveau des questions jusqu’à me donner les réponses pour que je puisse avoir la moyenne. 

La salle d’arts plastiques est vite devenue « mon annexe », je m’y réfugiais plutôt que d’aller en permanence. Les fins d’année donnaient lieu à des expositions remarquables ; j’aidais Madame Teffaud à accrocher les travaux des élèves, elle nous faisait travailler autour des Impressionnistes. Hélas, de santé fragile, ses forces l’abandonnaient parfois ; je me souviens qu’un jour, alors que j’étais allée la voir bien avant l’heure du cours, elle m’avait expliqué le cours et m’avait demandé de le faire à sa place face à mes camarades de première. C’était une belle marque de confiance.

L’enseignement était beaucoup moins dynamique que maintenant, nous sortions peu, les échanges linguistiques n’existaient pas et les cours étaient plutôt magistraux, les vieilles méthodes se pratiquaient encore, certains professeurs nous faisaient réciter nos leçons par cœur.

J’ai l’impression que nous étions plus libres que maintenant. Le parc « interdit » ne l’était pas, on pouvait s’y promener. Je ne me rappelle pas être obligée d’aller en permanence sur un temps d’étude, je crois qu’on allait où on voulait... 

La salle Barat était réservée aux devoirs sur table, et sans doute aux collégiens, on faisait confiance aux lycéens et, en fait, il n’y avait que les fumeurs qui cherchaient les endroits où se cacher, sinon, on ne faisait pas de bêtises. Le seul moment un peu délicat pour les profs et la direction était les fins d’années ; le Loquidy était un établissement de garçons, et le jeu consistait à les faire venir ; celles d’entre nous dont les frères étaient « au Loc » leur donnaient des plans d’accès et on les attendait avec des paquets de farine.

 

Quels sont selon vous les nouveaux défis que la Perverie doit relever ?

Anticiper pour mieux s’intégrer au monde à venir, devenir un établissement pilote.

 

Enfin.... Quelle question, en lien avec votre vécu à la Perverie, auriez-vous.... aimé que nous vous posions ? 

Si c’était à refaire...